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Le Menteur (Corneille) | Résumé et Analyse Complète - Bac Français 2025

Résumé complet du Menteur de Corneille avec analyse du parcours Comédie et comédie dramatique, personnages, thèmes du mensonge et citations pour le bac français 2025.

19 novembre 202435 min
Le Menteur Corneille - Résumé complet pour le bac français 2025

Le Menteur

par Corneille

1644📚 Théâtre20 min🎓 Bac 2025

Parcours associé

Comédie et comédie dramatique

Mentir, c'est humain. Mais que se passe-t-il quand le mensonge devient un mode de vie ? Dorante, jeune noble fraîchement débarqué à Paris, ment pour le plaisir, par vanité, par jeu. Il invente des batailles imaginaires, des mariages fictifs, des conquêtes amoureuses fantasmées. Chaque mensonge en appelle un autre, jusqu'à ce que la réalité rattrape ce château de cartes verbal.

Le Menteur de Pierre Corneille (1644) est bien plus qu'une simple comédie sur un affabulateur sympathique. C'est une réflexion brillante sur la parole, l'identité et le paraître dans la société du XVIIe siècle. Pourquoi cette pièce est-elle au programme du bac français 2025 ? Parce qu'elle illustre parfaitement comment la comédie classique peut être à la fois divertissante et profonde, légère et morale, drôle et inquiétante.

Corneille, qu'on connaît surtout pour ses tragédies (Le Cid, Horace), prouve ici qu'il maîtrise aussi la comédie avec brio. Il crée une intrigue magistralement construite où les mensonges s'entremêlent, les quiproquos se multiplient, et où finalement... tout se termine bien ! Mais à quel prix pour notre menteur ?

Dans cet article complet, tu vas découvrir tout ce qu'il faut savoir pour réussir ton oral : résumé détaillé des 5 actes, analyse des personnages (Dorante le mythomane, Cliton le valet lucide, les deux jeunes filles Clarice et Lucrèce), thèmes essentiels, citations incontournables et problématiques types. Que tu sois en première générale ou technologique, cette fiche va t'aider à comprendre pourquoi cette comédie reste d'une modernité frappante près de 400 ans après sa création.

Temps de lecture : 20 minutes pour maîtriser l'essentiel et briller à l'oral !


📌 L'essentiel à retenir

À retenir

TL;DR - Ce qu'il faut absolument savoir pour le bac :

  • Comédie en vers (alexandrins) en 5 actes écrite par Corneille en 1643-1644
  • Histoire : Dorante, jeune noble mythomane, accumule les mensonges à Paris, créant des quiproquos amoureux
  • Thème central : Le mensonge compulsif et ses conséquences (morales et sociales)
  • Parcours : Comédie et comédie dramatique - comédie d'intrigue classique avec dimension morale
  • Particularité : Première grande comédie en vers de Corneille, inspirée d'une pièce espagnole (La verdad sospechosa)
  • Ton : Léger et spirituel, mais avec une morale claire (le menteur est "puni")
  • Citation clé : "Je me suis fait tantôt une nécessité / De trahir mon ami pour dire la vérité" - paradoxe du menteur pris à son propre piège

📖 Résumé détaillé acte par acte

🎭 Acte I : L'arrivée à Paris et les premiers mensonges

Chapitre 1
Acte I : L'arrivée à Paris

Contexte : Dorante, jeune gentilhomme, revient à Paris après deux ans passés à Poitiers (officiellement pour ses études). Il est accompagné de son valet Cliton.

Scène 1 : Cliton se réjouit de retrouver Paris après deux ans d'absence. Dorante lui annonce qu'il va mentir à son père Géronte en prétendant qu'il arrive d'Allemagne où il aurait combattu dans la guerre. Cliton est inquiet - il connaît le penchant de son maître pour le mensonge.

Scène 2 : Dorante rencontre son père Géronte. Premier grand mensonge : il raconte des exploits militaires imaginaires en Allemagne - batailles, sièges de villes, actes héroïques. Géronte est fier et ému. Dorante en rajoute constamment.

Scènes 3-4 : Géronte annonce à Dorante qu'il lui a trouvé une épouse - une riche héritière nommée Clarice. Il doit la rencontrer bientôt. Dorante accepte avec indifférence (mensonge d'acquiescement).

Scène 5 : Alcippe, ami de Dorante, arrive. Il vient se plaindre qu'un inconnu a abordé sa promise (en réalité Clarice) la veille à la promenade des Tuileries. Dorante comprend que c'EST lui l'inconnu, mais ne le dit pas.

Scène 6 : LA SCÈNE CLÉ - Dorante raconte à Alcippe sa soirée de la veille, mais en la transformant complètement par ses mensonges. En réalité, il a simplement croisé deux jeunes filles (Clarice et Lucrèce) aux Tuileries et a brièvement parlé avec elles. Mais il invente :

  • Qu'il a été invité à dîner chez l'une d'elles
  • Qu'il a passé la soirée en leur compagnie
  • Qu'il est tombé amoureux de l'une (celle qui avait une robe bleue = Lucrèce en réalité, mais Dorante croit que c'est Clarice)

Cliton écoute, horrifié par ces mensonges. Alcippe est soulagé - l'inconnu des Tuileries ne semble pas être Dorante.

Enjeu de l'acte : Le mécanisme du mensonge est lancé. Dorante ment par plaisir, pour impressionner, pour embellir la réalité. Mais ses mensonges vont créer un imbroglio : il croit être amoureux de Clarice (qu'il doit épouser) alors qu'en réalité il a parlé à Lucrèce. Et Clarice est déjà promise à Alcippe.


🎭 Acte II : Confusion des identités et nouveaux mensonges

Chapitre 2
Acte II : Confusion et quiproquos

Scène 1 : Cliton supplie Dorante d'avouer ses mensonges avant qu'il ne soit trop tard. Dorante refuse - il trouve cela amusant et stimulant.

Scène 2 : Dorante rencontre Clarice (qu'il croit être la fille qu'il a vue aux Tuileries). Il lui fait une déclaration d'amour passionnée. Mais Clarice est confuse - elle ne se souvient pas de l'avoir rencontré la veille ! Malentendu : Dorante lui parle de leur "soirée ensemble" (qu'il a inventée), Clarice ne comprend rien.

Scène 3 : Lucrèce arrive (c'est celle que Dorante a vraiment vue aux Tuileries). Dorante la salue poliment mais froidement, pensant que c'est l'amie. Nouveau quiproquo : Lucrèce est blessée - elle pensait que le beau jeune homme de la veille s'intéressait à elle.

Scènes 4-5 : Clarice et Lucrèce discutent entre elles. Elles comprennent qu'il y a confusion sur les identités : Dorante croit que Clarice était celle en bleu (c'était Lucrèce). Clarice révèle à Lucrèce qu'elle est déjà promise à Alcippe et qu'elle l'aime. Elle décide de jouer le jeu : elle va faire semblant d'être intéressée par Dorante pour que Lucrèce (qui l'aime vraiment) puisse le conquérir.

Scène 6 : Dorante rencontre Alcippe et invente un nouveau mensonge énorme : il prétend être déjà marié secrètement à une femme restée à Poitiers ! Pourquoi ce mensonge ? Pour échapper au mariage arrangé avec Clarice (qu'il croit aimer, mais qu'il ne peut épouser puisqu'elle est à Alcippe selon lui).

Alcippe est content - si Dorante est marié, il n'est pas un rival pour Clarice.

Enjeu de l'acte : L'écheveau des mensonges se complique. Dorante a maintenant raconté :

  • Des exploits militaires imaginaires
  • Une soirée fictive chez les jeunes filles
  • Un mariage secret inventé Les quiproquos s'accumulent : Dorante aime Clarice (qui est à Alcippe), croit que c'était elle aux Tuileries (c'était Lucrèce), et Lucrèce l'aime vraiment sans qu'il le sache.

🎭 Acte III : Les mensonges se retournent contre Dorante

Chapitre 3
Acte III : Le piège se referme

Scène 1 : Géronte apprend par un tiers que Dorante prétend être déjà marié. Il est furieux et convoque son fils.

Scènes 2-3 : Confrontation père-fils. Géronte exige la vérité. Dorante, coincé, invente un nouveau mensonge pour couvrir le précédent : il prétend qu'il a effectivement épousé secrètement une jeune orpheline noble à Poitiers. Il donne des détails précis (nom, famille, circonstances). Géronte est partagé entre colère (mariage sans permission) et attendrissement (histoire romantique).

Scène 4 : Cliton tente encore de convaincre Dorante d'avouer. Dorante refuse - il est trop fier pour admettre qu'il a menti.

Scène 5 : Dorante croise Lucrèce et comprend enfin (grâce à des détails de leur conversation) que c'était elle aux Tuileries, pas Clarice ! Il tombe immédiatement amoureux d'elle (du moins le croit-il). Mais problème : il vient de dire à tout le monde qu'il est marié.

Scène 6 : Dorante révèle à Alcippe que son "mariage" était un mensonge. Alcippe est furieux - Dorante s'est moqué de lui. Mais Dorante s'en moque : maintenant qu'il sait que Lucrèce existe, il veut la conquérir.

Enjeu de l'acte : Dorante commence à subir les conséquences de ses mensonges. Son père le croit marié, Alcippe se sent trahi, et lui-même ne sait plus où il en est. Le château de cartes commence à vaciller. Mais Dorante, incorrigible, continue à mentir pour sortir de chaque situation.


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🎭 Acte IV : L'engrenage fatal et la révélation

Chapitre 4
Acte IV : Révélations

Scène 1 : Alcippe raconte à un ami qu'il a découvert que Dorante est un menteur compulsif. Il est dégoûté mais aussi fasciné par cette capacité à inventer sans cesse.

Scènes 2-3 : Dorante tente de courtiser Lucrèce, mais elle se méfie maintenant - elle a entendu parler de ses mensonges. Elle teste Dorante en lui posant des questions pièges. Dorante, malin, comprend qu'elle sait et avoue enfin qu'il a menti sur certains points (le mariage secret notamment). Mais il prétend que c'était "pour la bonne cause" - protéger leur amour naissant.

Lucrèce est séduite malgré elle par son audace et son esprit, mais reste prudente.

Scène 4 : Clarice révèle à Dorante qu'elle est fiancée à Alcippe et qu'elle ne l'a jamais aimé, lui. Elle lui conseille de se tourner vers Lucrèce qui, elle, l'apprécie vraiment. Dorante est d'abord vexé, puis accepte - après tout, c'est Lucrèce qu'il croit aimer maintenant.

Scène 5 : Géronte a enquêté sur le prétendu mariage de Dorante à Poitiers. Il découvre que tout était faux - pas de mariage, pas d'orpheline noble. Il convoque Dorante pour un nouvel interrogatoire.

Scène 6 : Deuxième grande confrontation père-fils. Dorante, acculé, finit par avouer une partie de ses mensonges :

  • Il n'est jamais allé en Allemagne (il était à Poitiers)
  • Il n'a pas combattu
  • Il n'est pas marié
  • Il a tout inventé

Géronte est profondément blessé - son fils l'a trompé, humilié. Il se sent trahi. Il menace de le déshériter. Dorante promet de s'amender, mais Géronte ne le croit plus.

Enjeu de l'acte : Le climax moral de la pièce. Dorante est démasqué devant son père, l'autorité suprême. Ses mensonges sont révélés comme ce qu'ils sont : des trahisons de la confiance. La comédie prend une dimension plus grave - le menteur fait souffrir ceux qui l'aiment. Mais Corneille ne bascule pas dans le tragique : c'est une leçon morale, pas une condamnation définitive.


🎭 Acte V : Le dénouement et le "châtiment" du menteur

Chapitre 5
Acte V : Dénouement

Scènes 1-2 : Géronte et le père de Clarice (Philiste) décident de marier leurs enfants malgré tout - Dorante épousera Clarice pour réparer l'affront. Alcippe devra trouver une autre épouse.

Mais : dernier rebondissement. Géronte apprend que Clarice aime Alcippe et que c'est Lucrèce qui aime Dorante. Les pères décident alors d'inverser les mariages :

  • Clarice épousera Alcippe (comme prévu initialement)
  • Dorante épousera Lucrèce

Scène 3 : On annonce les fiançailles à Dorante. Il est d'abord confus (il avait fini par se convaincre qu'il aimait Clarice), puis accepte quand il comprend que c'est Lucrèce. En fait, il ne sait plus vraiment qui il aime - ses mensonges l'ont perdu lui-même.

Scènes 4-5 : Lucrèce accepte d'épouser Dorante à une condition : qu'il cesse de mentir. Elle lui fait promettre solennellement de toujours dire la vérité désormais. Dorante promet (mais le spectateur peut en douter - un menteur peut-il changer ?).

Scène 6 (finale) : Tous les personnages se réunissent. Les deux couples sont formés :

  • Alcippe + Clarice (les amoureux sincères)
  • Dorante + Lucrèce (le menteur et celle qui le défie de changer)

Géronte pardonne à Dorante mais le met en garde : s'il ment encore, il sera sévèrement puni. Dorante jure qu'il est guéri de son vice.

Dernière réplique (Dorante) : Promesse de sincérité... mais le spectateur reste sceptique. Un léger doute subsiste : Dorante a-t-il vraiment changé, ou est-ce son dernier mensonge ?

Enjeu de l'acte : Le dénouement comique traditionnel : mariages arrangés, réconciliation, promesse d'amendement. Mais Corneille ajoute une touche d'ambiguïté : le "châtiment" de Dorante est léger (il épouse une femme qui l'aime), et sa promesse de ne plus mentir semble fragile. La comédie s'achève en demi-teinte : tout finit bien en apparence, mais le fond moral reste inquiet.


👥 Personnages principaux

Dorante
principal

Protagoniste, jeune gentilhomme de 20-22 ans, fils de Géronte, le menteur du titre

  • Mythomane : il ment compulsivement, sans raison apparente autre que le plaisir de mentir
  • Spirituel et brillant : ses mensonges sont inventifs, détaillés, convaincants
  • Immature : il ne mesure pas les conséquences de ses actes, vit dans l'instant
  • Versatile : il change d'avis et d'amour au gré de ses découvertes et mensonges
  • Vaniteux : il ment pour se valoriser, impressionner, paraître héroïque

Évolution : Passe du menteur insouciant et joyeux au menteur acculé et humilié. À la fin, il promet de changer mais reste fondamentalement le même. Son "châtiment" est ambigu : il épouse une femme qu'il n'avait pas choisie initialement (Lucrèce au lieu de Clarice), mais cette femme l'aime et est séduisante. Punition ou récompense ?

Citation représentative : "Je ne sais si ma langue a tant dit de mensonges, / Mais je sais bien qu'ici je dis comme je songe." (Acte II - quand il essaie de se justifier)


Cliton
secondaire

Valet de Dorante, voix de la raison et de la morale populaire

  • Lucide : il voit clair dans le jeu de son maître et prédit les catastrophes
  • Anxieux : il craint les conséquences des mensonges de Dorante
  • Loyal : malgré tout, il reste au service de Dorante et tente de limiter les dégâts
  • Pragmatique : il représente le bon sens terre-à-terre face aux fantaisies de son maître

Rôle : Cliton est le contrepoint moral de Dorante. Ses interventions créent un effet comique (le valet sage face au maître fou), mais aussi une fonction morale : il dit au public ce qu'il faut penser du comportement de Dorante. C'est la conscience de Dorante externalisée.

Citation représentative : "Vous vous perdrez, Monsieur, avec ces impostures." (Avertissement récurrent)


Géronte
secondaire

Père de Dorante, représentant de l'autorité paternelle et de l'ordre social

  • Crédule au départ : il croit facilement les mensonges de son fils (exploits militaires)
  • Sévère ensuite : quand il découvre la vérité, il est furieux et blessé
  • Aimant malgré tout : il pardonne finalement à son fils et arrange son mariage
  • Traditionaliste : il croit au mariage arrangé, à l'obéissance filiale, à l'honneur familial

Évolution : Passe de la fierté paternelle (fils héros de guerre) à la honte (fils menteur) puis à une indulgence résignée (fils marié et "amendé"). Il représente la société patriarcale du XVIIe siècle.

Citation représentative : "Ah ! tu me fais mourir de honte et de douleur !" (Acte IV - quand il découvre les mensonges)


Clarice
secondaire

Jeune fille noble, promise à Alcippe, brièvement courtisée par Dorante

  • Sincère et fidèle : elle aime vraiment Alcippe et ne se laisse pas séduire par Dorante
  • Complice : elle joue le jeu de la confusion pour aider Lucrèce
  • Lucide : elle comprend rapidement les mensonges de Dorante
  • Ferme : elle n'hésite pas à dire la vérité à Dorante (elle aime Alcippe, pas lui)

Rôle : Elle représente l'amour vrai en opposition aux fantaisies mensongères de Dorante. C'est un personnage secondaire mais essentiel : c'est le pivot du quiproquo central (Dorante la confond avec Lucrèce).


Lucrèce
principal

Jeune fille noble, celle que Dorante a vraiment rencontrée aux Tuileries, future épouse de Dorante

  • Clairvoyante : elle devine rapidement que Dorante ment
  • Amoureuse mais prudente : elle est attirée par Dorante malgré ses défauts, mais exige qu'il change
  • Éducatrice : elle se donne pour mission de 'guérir' Dorante de son vice
  • Moderne : elle accepte un mariage par amour (pas seulement arrangé) mais pose ses conditions

Évolution : Passe de la jeune fille séduite aux Tuileries à la femme lucide qui choisit d'épouser Dorante tout en exigeant sa réforme morale.

Citation représentative : "Je vous épouserai, mais à condition / Que vous renonciez à cette passion / De mentir à toute heure." (Paraphrase du sens - Acte V)


Alcippe
secondaire

Ami de Dorante, amoureux de Clarice, personnage secondaire mais important

  • Sincère et droit : il est l'opposé de Dorante - il dit toujours la vérité
  • Crédule : il se laisse tromper par les mensonges de Dorante (au début)
  • Jaloux : il craint que Dorante soit un rival pour Clarice
  • Loyal : il reste ami avec Dorante malgré tout

Rôle : Il est le double inversé de Dorante : l'amant sincère face au menteur. Son mariage avec Clarice (couple sincère) est le contrepoint au mariage Dorante-Lucrèce (couple problématique).


🎯 Thèmes majeurs

Le mensonge comme vice et comme art

Dorante ne ment pas par nécessité (échapper à un danger, protéger quelqu'un), mais par plaisir. C'est un menteur esthète : il aime la beauté de ses inventions, la virtuosité de ses improvisations. Pour lui, mentir est un jeu intellectuel, une forme d'art oratoire. Il invente des récits détaillés (batailles en Allemagne, soirée chez les jeunes filles, mariage secret) avec une imagination débordante. Mais Corneille montre que ce 'talent' est en réalité un vice moral grave : le mensonge trahit la confiance (père, ami, amour), crée le chaos social (quiproquos, confusions), et finit par piéger le menteur lui-même (Dorante ne sait plus qui il est vraiment). La pièce pose la question : peut-on admirer le menteur pour son talent tout en condamnant son vice ? Corneille séduit le spectateur par l'esprit de Dorante, puis le fait réfléchir aux conséquences morales.

Citations illustratives :

  • "Je ne saurais mentir (Cliton - contraste avec Dorante)"
  • "Le récit m'en est doux (Dorante savoure ses inventions)"

Lien avec le parcours : Le mensonge est traité de façon comique (quiproquos, situations cocasses) mais aussi morale (Dorante est puni/éduqué). C'est typique de la comédie classique : faire rire tout en donnant une leçon.


L'apparence vs la réalité (le paraître et l'être)

Dorante construit une identité fictive : héros de guerre, homme marié, séducteur expérimenté. Il se crée une persona séduisante mais fausse. Cette thématique du paraître (ce qu'on montre) vs l'être (ce qu'on est vraiment) est centrale au XVIIe siècle, époque des masques sociaux et de la représentation. Corneille interroge : qui est vraiment Dorante ? Un héros ou un lâche ? Un amoureux sincère ou un manipulateur ? À force de mentir, Dorante perd contact avec sa propre identité. Quand il dit 'je vous aime' à Clarice puis à Lucrèce, est-il sincère ou ment-il encore ? Lui-même ne le sait plus. La société du XVIIe siècle valorise les apparences (l'honneur, la réputation, le rang), mais la pièce montre que cette obsession des apparences encourage le mensonge. Dorante ment pour paraître plus glorieux, plus intéressant qu'il n'est - c'est un commentaire sur la vanité sociale.

Citations illustratives :

  • "Vous ne savez plus qui vous êtes (Cliton à Dorante)"
  • "Dorante se contredit sans cesse, révélant sa perte d'identité"

La parole et son pouvoir (créateur mais destructeur)

Le Menteur est une pièce métathéâtrale (qui réfléchit sur le théâtre lui-même). Dorante est comme un dramaturge : il crée des fictions, invente des scénarios, fait vivre des personnages (lui-même en héros, la mystérieuse épouse de Poitiers, etc.). Sa parole a un pouvoir créateur : il fait exister par les mots un monde imaginaire. Mais cette parole est aussi destructrice : elle détruit la confiance, crée le mensonge, fait souffrir. Corneille, dramaturge lui-même, s'interroge sur le statut de la fiction : quelle différence entre le mensonge de Dorante et la fiction théâtrale ? Les deux inventent des histoires pour séduire un public. La réponse de Corneille : l'intention compte. Le théâtre avoue être fiction (pacte théâtral), tandis que Dorante fait passer le faux pour du vrai (tromperie). Thème très moderne : le pouvoir et les limites de la rhétorique (art de la parole). Dans une société où la parole écrite et orale (lettres, contrats, promesses, serments) structure toutes les relations, mentir est un crime social majeur.

Citations illustratives :

  • "La parole est donnée (importance du serment - que Dorante trahit)"
  • "Les apartés de Dorante montrent sa conscience du pouvoir de ses mots"

L'amour et la confusion sentimentale

Dorante passe de l'amour pour Clarice (qu'il n'a jamais vraiment connue) à l'amour pour Lucrèce (qu'il reconnaît enfin), mais ces 'amours' sont-ils sincères ? Corneille suggère que les sentiments eux-mêmes peuvent être des mensonges qu'on se fait à soi-même. Dorante se convainc d'aimer Clarice parce que l'histoire est romanesque (coup de foudre aux Tuileries), puis Lucrèce pour la même raison. La pièce pose une question troublante : peut-on faire confiance aux sentiments amoureux ? Si Dorante ment sur tout, peut-il dire la vérité sur l'amour ? Et symétriquement : Lucrèce peut-elle croire à sa déclaration finale ? Cette instabilité sentimentale (Dorante change d'amoureuse comme de chemise) reflète son instabilité identitaire : un menteur n'a pas d'identité fixe, donc pas de sentiment fixe.

Citations illustratives :

  • "Je vous aime (dit successivement à Clarice et Lucrèce - quelle valeur ?)"
  • "Lucrèce exige un serment de vérité avant d'accepter son amour"

Le conflit générationnel (père vs fils)

La relation Géronte-Dorante structure la dimension morale et sociale de la pièce. Géronte représente l'ordre ancien : respect de la parole donnée, honneur du nom, autorité paternelle, mariage arrangé. Dorante représente une génération nouvelle : individualisme, liberté, jeu avec les conventions, recherche du plaisir immédiat. Le conflit éclate quand Géronte découvre les mensonges de son fils : ce n'est pas seulement une trahison personnelle, c'est une remise en cause de tout un système de valeurs. Si la parole ne vaut rien, si l'honneur est une façade, si le fils ment au père, alors la société patriarcale s'effondre. Mais Corneille ne donne pas entièrement raison au père : Géronte est aussi présenté comme naïf, autoritaire (il veut imposer un mariage), et un peu ridicule. Le conflit se résout par un compromis : Dorante épouse qui il veut (Lucrèce, pas le choix initial du père), mais dans le cadre légal du mariage arrangé.

Citations illustratives :

  • "Mon fils, que m'as-tu fait ? (douleur du père trahi)"
  • "Dorante promet de s'amender, mais on sent sa réticence"

La question de la rédemption et du changement

Peut-on changer ? Un menteur peut-il devenir sincère ? C'est la question morale finale de la pièce. Lucrèce et Géronte parient sur la rédemption de Dorante : son mariage et sa promesse de vérité doivent le 'guérir'. Mais Corneille laisse le spectateur dans le doute. D'un côté, la comédie exige un happy ending optimiste : Dorante va changer, tout finira bien. D'un autre côté, la psychologie réaliste suggère qu'un vice aussi profond ne disparaît pas par simple promesse. La dernière réplique de Dorante est-elle sincère ou est-ce... un dernier mensonge ? Cette ambiguïté fait de Le Menteur une comédie moderne : pas de morale simpliste, mais une interrogation ouverte. Corneille fait confiance à l'intelligence du spectateur pour juger.

Citations illustratives :

  • "Je jure de ne plus mentir (Acte V - mais y croit-on ?)"
  • "Le silence final du spectateur = doute"

📚 Le parcours associé : Comédie et comédie dramatique

Définition du parcours

Le parcours "Comédie et comédie dramatique" invite à explorer les différentes formes de la comédie : de la comédie pure (Molière des débuts, farces) à la comédie dramatique (comédie sérieuse, larmoyante). La question centrale : comment la comédie peut-elle traiter de sujets graves sans cesser d'être drôle ? Où se situe la frontière entre faire rire et faire réfléchir ?


Comment "Le Menteur" illustre ce parcours

Le Menteur est un exemple parfait de comédie classique d'intrigue (XVIIe siècle) qui annonce la comédie dramatique du XVIIIe siècle par ses aspects moraux et psychologiques.

Éléments de comédie pure :

  • Quiproquos multiples : Dorante confond Clarice et Lucrèce, créant des situations cocasses
  • Personnage du valet : Cliton apporte un contrepoint comique, souligne l'absurdité des situations
  • Rythme vif : succession rapide de scènes, rebondissements incessants
  • Langage spirituel : alexandrins élégants, réparties brillantes, jeux de mots
  • Dénouement heureux : mariages, réconciliation, promesse d'amendement

Éléments dramatiques (qui annoncent la comédie dramatique) :

  • Dimension morale sérieuse : le mensonge est traité comme un vice grave, pas juste une farce
  • Souffrance psychologique : Géronte souffre vraiment de la trahison de son fils (Acte IV)
  • Questionnements existentiels : identité, parole, confiance, rédemption
  • Ambiguïté du dénouement : pas de happy ending simple - le changement de Dorante est incertain
  • Réalisme psychologique : Dorante n'est pas une caricature, c'est un personnage complexe

Le mélange : Corneille alterne scènes légères (quiproquos amoureux, apartés comiques de Cliton) et scènes graves (confrontations avec Géronte). Cette alternance crée un rythme original : le spectateur rit, puis s'inquiète, puis rit à nouveau. C'est déjà la comédie sérieuse avant l'heure.


Exemples précis tirés du texte

Exemple 1 : Acte I, scène 6 - Dorante raconte à Alcippe sa soirée fictive. C'est comique (le spectateur sait qu'il ment, Cliton fait des apartés horrifiés), mais c'est aussi troublant (Dorante trahit son ami, crée une situation potentiellement dangereuse).

Exemple 2 : Acte IV, confrontation Géronte-Dorante - Cette scène pourrait être dans un drame : un père découvre que son fils l'a trompé et humilié. La douleur de Géronte n'est pas feinte. Mais elle reste dans une comédie grâce au contexte : pas de conséquences tragiques (déshéritage, rupture), juste une leçon morale.

Exemple 3 : Le dénouement - Tous les codes de la comédie sont respectés (mariages, réconciliations), mais l'ambiguïté subsiste : Dorante a-t-il vraiment changé ? C'est un dénouement en demi-teinte, typique de la comédie dramatique.


💬 Citations importantes à connaître

"Je ne saurais mentir."

Cliton

Contexte

Acte I, scène 1, établissant d'emblée son opposition morale à son maître.

Analyse littéraire

Cette phrase simple définit Cliton par contraste avec Dorante. Là où Dorante ment compulsivement, Cliton est incapable de mentir. Il représente la norme morale : un honnête homme dit la vérité. Cette réplique sert de boussole éthique au spectateur : Cliton est le personnage auquel on doit s'identifier moralement, pas Dorante. Le fait que ce soit le valet (personnage social inférieur) qui soit moralement supérieur au maître noble crée une ironie sociale intéressante. Cliton est un personnage comique traditionnel (le valet raisonneur), mais sa fonction morale en fait aussi un personnage dramatique qui porte le jugement de la pièce.


"Le récit m'en est doux, et j'y prends du plaisir."

Dorante

Contexte

Acte I, scène 6, parlant de ses mensonges à Cliton.

Analyse littéraire

Dorante avoue explicitement qu'il ment par plaisir, pas par nécessité. Le 'récit' dont il parle, c'est son mensonge - sa fiction inventée. Il savoure ses propres inventions comme un artiste sa création. Cette phrase révèle la dimension esthétique du mensonge pour Dorante : c'est beau, doux, agréable. C'est troublant car Corneille nous fait partager ce plaisir - le spectateur aussi trouve les mensonges de Dorante amusants et ingénieux. Mais la morale de la pièce nous rappelle que ce plaisir est coupable. Le plaisir pris au mensonge est comique (on rit de l'audace de Dorante) mais aussi inquiétant (c'est immoral). Cette dualité est typique de la comédie qui se veut aussi morale.


"Vous vous perdrez, Monsieur, avec ces impostures."

Cliton

Contexte

Cliton à Dorante, avertissement répété plusieurs fois dans la pièce (notamment Acte II).

Analyse littéraire

Cliton prédit la catastrophe. Le verbe 'perdre' est fort : Dorante va se perdre socialement (déshonneur), psychologiquement (il ne sait plus qui il est), et peut-être spirituellement (le mensonge est un péché). Le mot 'impostures' (tromperies, mensonges éhontés) a une connotation grave et morale, pas seulement comique. Cette phrase fonctionne comme un chœur tragique : elle annonce le désastre à venir. Bien sûr, dans une comédie, le désastre sera évité de justesse - mais l'avertissement reste. L'avertissement de Cliton introduit une tension dramatique dans la comédie. Le spectateur rit des mensonges de Dorante, mais craint aussi leurs conséquences.


"Ah ! tu me fais mourir de honte et de douleur !"

Géronte

Contexte

Acte IV, quand il découvre l'ampleur des mensonges de son fils.

Analyse littéraire

C'est une des répliques les plus dramatiques de la pièce. Géronte ne plaisante pas : il souffre réellement. Les mots 'mourir', 'honte', 'douleur' appartiennent au registre tragique, pas comique. Un père trompé par son fils, c'est une trahison de la confiance fondamentale qui structure la société d'Ancien Régime. La honte est sociale (Géronte a été ridicule devant autrui), la douleur est intime (son fils ne l'aime-t-il donc pas ?). Cette scène fait basculer momentanément la pièce vers le drame familial. Cette réplique marque le moment où la comédie touche au dramatique. On ne rit plus - on compâtit à la souffrance du père. C'est un des sommets émotionnels de la pièce.


"Je ne sais si ma langue a tant dit de mensonges, / Mais je sais bien qu'ici je dis comme je songe."

Dorante

Contexte

Acte II ou III (selon les éditions), tentant de se justifier.

Analyse littéraire

Paradoxe fascinant : Dorante admet qu'il ment tout en prétendant dire la vérité sur le moment. C'est le sophisme du menteur : 'Je mens habituellement, mais là maintenant je vous jure que je dis vrai !' Comment le croire ? Comment croire un menteur qui avoue mentir ? Cette phrase révèle le piège existentiel dans lequel Dorante s'est enfermé : même quand il veut dire la vérité, personne ne peut le croire. Il a détruit sa propre crédibilité. Ce paradoxe est traité de façon comique (c'est absurde, donc drôle) mais aussi philosophique (réflexion sur la parole et la vérité).


"Il faut que je l'épouse, ou bien je suis perdu."

Dorante

Contexte

Acte V, réalisant qu'il doit épouser Lucrèce (ou Clarice, selon le moment) pour sortir de l'impasse.

Analyse littéraire

Le mariage, normalement heureux dénouement de comédie, est ici présenté comme une nécessité contraignante, presque une punition ('ou bien je suis perdu'). Dorante ne se marie pas par amour sincère, mais pour réparer ses erreurs et échapper au déshonneur. C'est un mariage de réparation plus qu'un mariage d'amour. Cette phrase révèle que le happy ending est forcé, pas naturel - typique de la comédie dramatique où les fins heureuses sont ambiguës. Le mariage final, code de la comédie, est ici traité avec ironie et distance. Ce n'est pas une célébration joyeuse, c'est une solution pragmatique.


"Mon fils, je vous pardonne, à condition / Que vous renonciez à cette passion / De mentir à toute heure et d'abuser le monde."

Géronte

Contexte

Acte V, pardonnant à Dorante mais en posant une condition.

Analyse littéraire

Le pardon conditionnel du père. Géronte reste l'autorité morale : il pardonne, mais exige un changement. Le mot 'passion' est intéressant : mentir est décrit comme une compulsion, presque une maladie ou un vice. 'Abuser le monde' (tromper tout le monde) souligne la dimension sociale du mensonge - ce n'est pas seulement une faute privée, c'est un crime contre la société basée sur la confiance mutuelle. Cette réplique résume la dimension morale de la comédie classique : punir le vice, récompenser la vertu (ou du moins exiger l'amendement). C'est le 'castigat ridendo mores' (corriger les mœurs par le rire).


"Je vous épouse, mais vous ne devez plus mentir."

Lucrèce

Contexte

Acte V, acceptant le mariage mais posant sa condition.

Analyse littéraire

Lucrèce impose son contrat de mariage moral : je t'accepte, mais tu dois changer. C'est elle qui dicte les termes, pas lui - renversement intéressant du pouvoir patriarcal traditionnel (où c'est l'homme qui impose ses conditions). Lucrèce se fait éducatrice et juge de Dorante. Elle parie sur sa capacité à changer, mais la formulation ('vous ne devez plus') est un impératif, pas une supplique. C'est un mariage avec surveillance - Lucrèce reste vigilante. Cette fin nuancée (mariage heureux mais sous conditions) est typique de la comédie qui se veut aussi réaliste : les problèmes ne se résolvent pas magiquement, ils nécessitent des engagements concrets.


📜 Contexte historique et littéraire

Époque de publication et contexte politique

1643-1644 : Corneille écrit et fait jouer Le Menteur pendant la régence d'Anne d'Autriche (Louis XIII vient de mourir en 1643, Louis XIV est enfant). La France est en pleine guerre de Trente Ans (1618-1648) contre les Habsbourg. C'est une époque de troubles politiques (Fronde proche : 1648-1653) mais aussi de splendeur culturelle : apogée du classicisme français.

Corneille est déjà célèbre : Le Cid (1637) puis Horace, Cinna, Polyeucte ont fait de lui le grand tragédien français. Le Menteur marque un retour à la comédie (il en avait écrit au début de sa carrière, années 1630).


Mouvement littéraire : Le classicisme français

Le Menteur est une comédie classique exemplaire, respectant (globalement) les règles du théâtre classique :

Les trois unités (inspirées d'Aristote, codifiées en France) :

  • Unité de temps : l'action se déroule en moins de 24 heures
  • Unité de lieu : Paris, quelques lieux (Tuileries, place publique, maisons) - un peu moins stricte
  • Unité d'action : une intrigue principale (les mensonges de Dorante) avec intrigues secondaires liées

La vraisemblance : L'action doit être crédible. Ici, Corneille joue sur la limite : les mensonges de Dorante sont presque trop énormes pour être vraisemblables, mais c'est justement le ressort comique.

La bienséance : Pas de violence sur scène, pas de vulgarité excessive. Le Menteur respecte cela - c'est une comédie élégante.

La langue : Alexandrins (vers de 12 syllabes), langue soutenue et élégante. Corneille montre sa virtuosité : faire rire en vers, c'est difficile !


Inspiration : La comédie espagnole

Corneille s'inspire explicitement de la pièce espagnole La verdad sospechosa ("La vérité suspecte", 1630) de Juan Ruiz de Alarcón. Il l'adapte au goût français :

  • Transposition : de Madrid à Paris
  • Francisation : les noms deviennent français
  • Modification : Corneille ajoute des scènes, modifie le dénouement
  • Élégance : la pièce espagnole est plus crue, Corneille l'adoucit pour respecter la bienséance française

Cette adaptation est typique du XVIIe siècle : on n'invente pas tout, on réécrit les classiques (grecs, latins, espagnols, italiens) en les améliorant.


✍️ Style et écriture

Registres utilisés

Registre comique :

  • Comique de situation : quiproquos (confusion Clarice/Lucrèce), malentendus, enchaînement délirant de mensonges
  • Comique de caractère : Dorante le menteur compulsif, Cliton l'anxieux, Géronte le naïf puis furieux
  • Comique de mots : jeux sur les mots, double sens, apartés ironiques de Cliton

Registre satirique :

  • Corneille se moque de la vanité nobiliaire (Dorante veut paraître héroïque)
  • Critique de la crédulité (Géronte, Alcippe croient facilement)
  • Satire sociale des apparences parisiennes

Registre pathétique (touches) :

  • Souffrance de Géronte (Acte IV) - on a pitié de lui
  • Inquiétude de Cliton pour son maître
  • Confusion sentimentale de Lucrèce

Registre didactique/moral :

  • La pièce enseigne une leçon : ne pas mentir
  • Les répliques de Cliton ont une fonction moralisatrice
  • Le dénouement punit (légèrement) le vice

Procédés d'écriture marquants

1. L'alexandrin et la versification : Toute la pièce est en alexandrins (vers de 12 syllabes, avec césure à l'hémistiche = 6/6). Corneille fait de la comédie en vers "nobles" - c'est rare. L'alexandrin donne élégance et musicalité, mais impose des contraintes : faire rire tout en respectant la métrique.

2. Les apartés : Technique théâtrale où un personnage parle "à part" (le public entend, les autres personnages non). Cliton fait de nombreux apartés pour commenter l'action : fonction comique et morale, crée une complicité entre Cliton et le spectateur.

3. Structure en miroir et parallélismes : Corneille construit des scènes parallèles : deux jeunes filles (Clarice/Lucrèce) = miroir l'une de l'autre, deux confrontations père-fils (Actes III et IV) = escalade dramatique, deux déclarations d'amour de Dorante (à Clarice puis Lucrèce) = révèle son inconstance.

4. L'ironie dramatique : Le spectateur sait des choses que les personnages ignorent : on sait que Dorante ment, mais Géronte le croit (Acte I) = on rit de la crédulité ; on sait que Dorante confond Clarice et Lucrèce, mais lui non (Acte II) = on rit de son erreur.


📝 Problématiques pour l'oral

Problématiques classiques

  1. En quoi Le Menteur est-il une comédie d'intrigue classique ?
  2. Comment Corneille traite-t-il le thème du mensonge de façon à la fois comique et morale ?
  3. Quel rôle joue le personnage de Cliton dans la pièce ?
  4. En quoi la relation entre Dorante et Géronte introduit-elle une dimension dramatique ?
  5. Peut-on dire que Dorante est puni à la fin de la pièce ? Justifiez.
  6. Comment le quiproquo amoureux structure-t-il l'intrigue ?
  7. Quelle vision de la parole et de la vérité Corneille propose-t-il ?
  8. En quoi Le Menteur annonce-t-il la comédie dramatique du XVIIIe siècle ?
  9. Le dénouement de la pièce est-il satisfaisant ? Pourquoi ?
  10. Comment l'utilisation de l'alexandrin contribue-t-elle à l'effet comique ?

💡 Conseil : Structure chaque réponse en 2-3 parties avec des exemples précis de scènes.

Exemple de plan pour la question 5 :

I) Dorante semble échapper à une vraie punition

  • A) Il épouse une femme qui l'aime (Lucrèce) = récompense plus que punition
  • B) Son père lui pardonne = pas de déshéritage
  • C) Il garde son statut social = pas d'exclusion

II) Mais son "châtiment" est subtil

  • A) Il perd sa liberté (contraint au mariage)
  • B) Il doit épouser Lucrèce, pas Clarice (qu'il croyait aimer) = frustration
  • C) Il est humilié publiquement (tous savent qu'il a menti)
  • D) Il doit promettre de changer = contrainte morale

III) L'ambiguïté du dénouement révèle la modernité de Corneille

  • A) Pas de punition simpliste (comédie ≠ tragédie)
  • B) Mais pas de triomphe du vice non plus
  • C) Le doute final (changera-t-il ?) = réalisme psychologique

✅ Fiche révision rapide

ÉlémentDétail
GenreThéâtre / Comédie en vers
RegistreComique, satirique, pathétique (touches), didactique
Structure5 actes en alexandrins
PersonnagesDorante (menteur), Cliton (valet), Géronte (père), Clarice, Lucrèce, Alcippe
ÉpoqueXVIIe siècle, Paris contemporain de Corneille
MouvementClassicisme français
ParcoursComédie et comédie dramatique
Citation clé"Je ne saurais mentir" (Cliton)
Thème centralLe mensonge et ses conséquences morales et sociales
ParticularitéPremière grande comédie en vers de Corneille, adaptation espagnole

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🎓 Comment réviser cette œuvre efficacement

Étapes de révision recommandées

Semaine 1 - Lecture :

  • Lis la pièce en entier (3-4h max avec les notes)
  • Identifie les 5 actes et leur fonction (exposition, complication, etc.)
  • Note les mensonges principaux de Dorante

Semaine 2 - Analyse :

  • Relis les scènes clés : I-6 (premier grand mensonge), II-2 (quiproquo Clarice), IV-6 (confrontation père-fils), V (dénouement)
  • Fais une fiche par personnage principal
  • Fais une fiche par thème avec exemples

Semaine 3 - Mémorisation :

  • Apprends 6-8 citations (avec acte/scène et contexte)
  • Prépare 3-4 problématiques avec plans
  • Entraîne-toi à parler 8-10 min sur un sujet

Semaine avant l'oral :

  • Révise tes fiches
  • Simule l'oral avec un proche
  • Vérifie que tu peux citer des vers précis (pas seulement paraphraser)

Pièges à éviter à l'oral

Dire que c'est "juste une comédie légère" - C'est réducteur. Montre la dimension morale et la réflexion sur la parole.

Oublier de citer les vers - Corneille c'est de la poésie dramatique ! Cite au moins 3-4 vers précis dans ton oral.

Confondre Clarice et Lucrèce - Gros piège ! Clarice = celle que Dorante croit aimer mais qui aime Alcippe. Lucrèce = celle qu'il a vraiment rencontrée et qu'il épouse.

Ne parler que de Dorante - Cliton est crucial ! Et la relation Dorante-Géronte aussi.

Ignorer le contexte du XVIIe siècle - Parle du classicisme, des trois unités, de la comédie espagnole.

Astuce : Montre que tu as compris l'ambiguïté du dénouement. Pose-toi la question : Dorante a-t-il vraiment changé ? C'est une question que l'examinateur adore !


🎓 Pour aller plus loin

📚 Ressources complémentaires :

  • Analyse détaillée du personnage de Dorante : un héros comique moderne ?
  • Les quiproquos dans Le Menteur : mécanique et signification
  • Corneille et la comédie : comparaison avec Molière
  • Le mensonge au théâtre : de Corneille à Marivaux
  • L'adaptation de la comédie espagnole en France au XVIIe siècle
  • La versification comique : comment faire rire en alexandrins ?
  • Le thème du menteur dans la littérature mondiale

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Dernière mise à jour : Novembre 2025 • Programme officiel bac français 2025

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